L’abbaye du Mont-Saint-Michel est aujourd’hui le lieu le plus populaire en dehors de l’Île de France et l’un des sites les plus visités dans l’Hexagone. Son histoire est aussi l’une des plus riches de France, malgré de longues périodes troubles durant les différents siècles du Moyen-Âge, de la Révolution et de l’Empire.
Les débuts au Moyen-Âge
L’histoire du Mont-Saint-Michel commence en 708 quand Aubert, l’évêque d’Avranches, décide d’ériger un sanctuaire à la gloire de l’archange Michel, après qu’il soit apparu dans ses rêves. C’est le Mont-Tombe qui est choisi et au fil des siècles, la grandeur de l’édifice en fait un lieu de pèlerinage important, accueillant aussi des rois de France et d’Angleterre. Des reliques de Saint-Michel y furent ramenées pour légitimer l’existence de l’édifice.
A la demande de Richard Ier, duc de Normandie, des bénédictins s’y installent en 966 et accueillent les fidèles tout en faisant du Mont-Saint-Michel un centre de la culture médiévale, qu’on appelle élégamment « La Cité des Livres ». Le Mont devient vite un endroit reconnu à travers le royaume, tant pour son caractère religieux que pour sa culture.
Forteresse et prison
Mais la position stratégique de l’édifice le détourne rapidement de ses premières fonctions. Situé à la frontière entre la Normandie et la Bretagne, le Mont devient une forteresse du duché de Normandie et accroît ses défenses au fur et à mesure des ses agrandissements. Il résistera pendant des siècles aux tentatives d’invasion, notamment celles de l’armée anglaise.
Après les temps troublés du Moyen Âge, l’histoire du Mont-Saint-Michel ne devient pas plus paisible : le roi Louis XI décide d’en faire une prison sur l’eau, « la Bastille des mers ». D’autres rois suivront son exemple et pendant plus de deux siècles, des prisonniers de droit commun, des prisonniers politiques et des prêtres réfractaires se succéderont. Peu avant la fin du Second Empire de Napoléon III, la prison est définitivement fermée.
Le Mont-Saint-Michel aujourd’hui
L’histoire riche mais tumultueuse du Mont-Saint-Michel a permis de préserver l’édifice, mais à la fermeture de la prison en 1863, les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé.
Après la Révolution, les biens de l’Eglise ayant été déclarés biens nationaux, le Mont-Saint-Michel est classé monument historique et sa longue restauration commence. L’édifice reprend son caractère religieux en cohabitation avec les restructurations de l’Etat.
En 1879, une digue-route est créée pour faciliter l’accès du Mont-Saint-Michel aux visiteurs de plus en plus nombreux. Il fallut attendre plus d’un siècle pour se rendre compte que cette restructuration provoquait en fait un ensablement important. De nouveaux travaux permirent alors à la Manche de reprendre vie autour du Mont. L’ancienne route fut détruite progressivement.
En 1979, l’ensemble de la baie du Mont-Saint-Michel fut classée sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Aujourd’hui, l’édifice est en constante rénovation pour gérer les 3,5 millions de visiteurs qui viennent s’y presser chaque année, et pour conserver le caractère historique de la bâtisse.